Sur les pas de Damien Magnaval
Article de Denise Brédimus
Sur les pas de Damien Magnaval
La mémoire de Damien Magnaval - l'un des 9.000 volontaires français des Brigades internationales - a été célébrée avec éclat pour le 80ème anniversaire de sa disparition. Il était tombé sur le front de l'Ebre le 21 septembre 1938 à l'âge de 33 ans, en luttant contre le fascisme en Espagne.
En ce dimanche 14 octobre, une foule nombreuse s'est rassemblée devant la salle polyvalente. Sous un beau soleil, six drapeaux claquaient au vent, précédant le long cortège rythmé par un chant de la guerre d'Espagne, jusqu'à la stèle érigée près de sa maison natale. Parmi parents et amis, avec les porte-drapeaux de l'ACER, l'ANACR/Chamboulive, l'ARAC/St-Jal, l'ATENEO/Limoges, la municipalité de Gourdon-Murat et le PCF de Pradines/Bugeat, on remarquait une forte délégation parisienne de 14 membres du syndicat des Cochers chauffeurs, dont Damien avait été le secrétaire. Etaient également présents : Demetrio Gonzalez de l'ACER, venant de Paris, Pierre Peuch des Compagnons de la mémoire à Ussel et Lucien Peuch (fédération PCF de la Corrèze). On notait plusieurs élus : Christophe Petit, conseiller départemental, les maires de Gourdon-Murat, Grandsaigne, Lestards et Pradines, quatre conseillers municipaux de la commune (représentant leurs habitants quasiment absents), un conseiller de Viam et un de Tarnac.
Jacques Joffre, le maire de Gourdon-Murat, a remercié les participants et rendu un vibrant hommage à Damien, en soulignant le sens de son combat, non seulement pour l'indépendance de l'Espagne, mais aussi pour la démocratie universelle, contre le fascisme qui est plus que jamais d'actualité. Il a ensuite donné la parole à Amada Rousseaud de l'Ateneo Republicano du Limousin pour qui, célébrer la mémoire de Damien, c'est aussi celle de tous les Brigadistes restés sur les champs de bataille et des milliers de ceux qui furent enfermés en France dans le camp de concentration disciplinaire du Vernet en Ariège. Elle a rappelé que ces femmes et ces hommes avaient, comme Damien, tout quitté pour aider la jeune République espagnole, sachant que l'hydre et ses tentacules qui avait pris naissance en Allemagne, allait s'étendre à toute l'Europe et qu'il fallait la détruire. En Espagne, à la mort de Franco, une monarchie doublée d'une démocratie s'est installée, formée par un roi élevé au sein du franquisme et de. "démocrates" descendants des proches du dictateur. Aujourd'hui et toujours, il faut rappeler cette solidarité mondiale. pour que justice et liberté triomphent. En conclusion, Amada a déclaré : "Aussi, nous reviendrons, tant que nous pourrons, honorer la mémoire de Damien Magnaval et montrer à sa famille que nous, fils de Républicains, nous n'oublions pas.... Avec une citation de Bertold Brecht : "Si tu ne participes pas à la lutte, tu participes à la défaite".
Ensuite, au nom du syndicat des Cochers Chauffeurs et de leur mutuelle La Fraternelle, Karim Asnoun a rendu hommage à leur camarade Damien, avec auparavant "une pensée pour Eliane Thomas qui nous a quittés il y a peu et qui nous accueillait toujours avec chaleur et fraternité". Il a ensuite évoqué "ces nombreux travailleurs venus de tous les pays qui, comme Damien, se sont dressés contre la barbarie fasciste en Espagne pour imposer leur volonté d'une société plus juste. En 1936, quand ces anonymes ou ces figures de proue ont rejoint les Brigades internationales, ils ont choisi de prendre les armes au péril de leur vie dans l'espoir de construire un monde meilleur... Aujourd'hui pourtant, cette leçon historique de solidarité internationale est oubliée par les gouvernants actuels... Des millions de réfugiés sont déplacés chaque année, vivent dans des conditions déplorables, voire périssent du fait de cette politique de rejet. Devant cette tragédie qu'ils ont eux-mêmes créée, les gouvernements cherchent à tromper travailleurs et chômeurs en leur disant : "il n'y a pas assez de travail et de bons logements pour vous, on ne va pas en donner aux étrangers!" Mensonge : des centaines de milliers de logements et bureaux sont laissés vacants à des fins spéculatives. Il faut les réquisitionner. Et on peut créer des millions d'emplois à condition de s'en prendre au pouvoir économique de la classe dirigeante... Revenons aux sentiments nobles qui ont animé l'engagement de Damien et de ses camarades. Nous voulons être fidèles à leur oeuvre dans cette volonté de résister au capitalisme qui détruit les droits des travailleurs, à l'autoritarisme et à la répression qui veut les empêcher de s'organiser et de résister, à la xénophobie, au racisme qui les divise. Nous voulons leur être fidèles en luttant pour un monde toujours plus juste, plus démocratique et plus solidaire".
Les voix enfantines de Léa, Diego, Oriol et Raul (arrières petits neveux et nièce de Damien) ont ensuite interprété avec fougue "El paso del Ebro" (le passage de l'Ebre). "Deberemos resistir" (nous devrons résister) laisse présager un avenir assuré par la génération montante. Le verre de l'amitié offert par la municipalité a permis de se retrouver autour de l'exposition sur GUERNICA réalisée par l'Ateneo et présentée par Amada Rousseaud, ainsi que sur les riches archives réunies par Dany Clémenceau, visibles toute la semaine jusqu'au dimanche 21 octobre, de 14 à 17 heures.
