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Publié par Commune de Gourdon-Murat

Communiqué de l'ANACR Corrèze

En réponse aux derniers articles parus dans la presse mais aussi sur les chaînes de télévision , voici le communiqué du président Bernard Delaunay.

 

Communiqué de l'Association Nationale des Anciens Combattants et Amis de la Résistance de la Corrèze.  (ANACR). Brive la Gaillarde, 16 05 2023 

Comment salir (volontairement ou pas) la mémoire de la Résistance ! 

Des articles parus ce jour dans la presse locale (La Montagne) et nationale (Le Parisien ...), présentent comme une révélation « une affaire sensible qui risque de bousculer le discours mémoriel en Corrèze ». Si les auteurs de ces articles avaient pris la précaution élémentaire de se renseigner sur les travaux historiques réalisés sur le sujet et aux témoignages largement publiés, cela leur aurait évité de relancer une polémique stérile.  

Nous rappelons que depuis des décennies les différentes éditions du livre « Maquis de Corrèze »  (dernière édition en 1995), le livre de l'historien belge Bruno Kartheuser : « Les pendaisons de Tulle le 9  juin 1944 » en 2004, et le dernier en date de Paul et Mouny Estrade, historiens universitaires « Léon  Lanot premier maquisard de Corrèze » (Editions Le Puy Fraud, juin 2011, pages 146-147), font état du  fait de guerre de Meymac le 12 juin 1944. Tout y est dit et la vérité historique est établie, il n'est donc pas  question de « bousculer le discours mémoriel » sauf à vouloir réécrire l'Histoire.  

Aussi, affirmer que « nul ne savait » c'est avouer sa propre ignorance. Utiliser le terme de « charnier »  en titre d'une première page du journal, s'il est propre à éveiller une certaine « curiosité » du lecteur, est  d'une violence inouïe en renvoyant à des images contemporaines sur les médias et les réseaux sociaux. De  même sur cette même page, évoquer « une quarantaine de soldats allemands » à retrouver, alors que dans  les pages intérieures, pour qui sait faire une soustraction, on aboutit à une trentaine tout au plus (des  exhumations ayant déjà été effectuées dans les années 1960) c'est mensonger.  

Evoquer avec le témoin, des questions qu'il ne se posait même pas à l'époque, concernant « la  convention de Genève » censée règlementer les lois de la guerre entre les armées régulières des Etats  belligérants, c'est ignorer que les Résistants étaient, pour l'immense majorité, des civils, devenus  combattants de la liberté sans uniformes, considérés par l'armée nazie (qui ne s'embarrassait pas de ces  scrupules) comme des « terroristes » à abattre sur place ou à déporter vers les camps de la mort. C'est  aussi profiter de l'émotion d'un homme de 98 ans pour en faire un sujet de polémique contemporain.  

Nous rappelons enfin le contexte historique du 12 juin 1944 : il y a face à face, d'un côté les forces  nazies de répression qui massacrent les populations civiles du territoire qu'elles occupent et qu'elles  oppriment ; de l'autre, des Résistants qui essaient de sauver leur peau, celle de leurs familles et de libérer  leur territoire. Ces jeunes patriotes de 18-20 ans, pour qui la guérilla menée contre l'occupant exigeait une  improvisation permanente, se sont trouvés dans une impasse et n'avaient d'autre alternative que d'obéir à  un ordre supérieur de l'Etat-Major des Forces Françaises de l'intérieur (FFI), dirigé par le Général Koenig.  

Comment ne pas se souvenir que trois jours plus tôt, le 9 juin 1944, les soldats nazis de la division SS  Das Reich pendaient 99 otages à Tulle, que le 10 et les jours suivants ils en déportaient vers les camps de  la mort 149 dont 101 ne reviendraient pas, que le même jour, ils exterminaient la population et brûlaient  le village d'Oradour sur Glane : 643 victimes , qu'encore le même jour, les soldats nazis de la garnison  d'Ussel, assassinaient 47 jeunes maquisards sans armes (les responsables du maquis en avaient  connaissance)… autant de crimes de guerre reconnus par la justice mais restés pour l'essentiel impunis ?  

Nous n'avons pas le droit aujourd'hui de nous ériger en juges ; demandons-nous ce que nous aurions fait  à leur place, de quel côté nous serions-nous trouvés ? Dans le camp de la Résistance ou dans le  déshonneur de la collaboration avec les nazis ?  

Si la restitution des corps de Meymac aux autorités allemandes est légitime, nous ne pouvons accepter qu'elle soit instrumentalisée.  

La vigilance reste d'actualité ; face à la résurgence de groupes néo-nazis, au négationnisme aux  fanatismes, qui remettent en cause notre démocratie, nous ne pouvons que dénoncer les dérives  nauséabondes de la recherche d'une audience médiatique. Nous saluons dans le même temps les vrais  journalistes d'investigation, qui prennent la peine de s'informer avant de publier leurs reportages écrits ou  audiovisuels. 

B.D 

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Voilà l' article paru dans La Montagne le 16 mai 2023

 

 

 

 

 

A voir aussi France 3 Limousin  ICI 

Communiqué du Collectif Maquis de Corrèze, 17 mai 2023
Par Pierre Pranchère, ancien résistant FTPF, cofondateur et secrétaire général du Collectif Maquis de Corrèze, ancien député de la Corrèze
Et Jean-Pierre Combe, président délégué
Le 16 mai 2023, France 2 a diffusé à l’occasion de son journal de 20h un reportage intitulé « Un résistant révèle un massacre », portant sur l’exécution en juin 1944 par la compagnie FTPF de Meymac de soldats allemands faits prisonniers quelques jours plus tôt à l’occasion de l’attaque de Tulle par les
résistants FTPF (7-8 juin 1944). Le même jour, et après la Vie Corrézienne du 12 mai, plusieurs journaux locaux (La Montagne) et nationaux (Le Parisien) reprenaient les mêmes éléments. Ce matin, c’était au tour de France Bleu de se mettre au diapason. Le Collectif Maquis de Corrèze tient à rétablir deux
vérités concernant les faits relatés dans ces différentes occasions.

En premier lieu, cet événement est publiquement connu depuis plusieurs décennies, il n’y a là nulle révélation ou découverte. En second lieu, la décision n’émane en aucune façon du commandement allié qui n’a jamais eu d’autorité sur la Résistance intérieure.
La décision qui a mené à cette exécution a été prise par le commissaire aux opérations de l’interrégioB des FTPF, Marcel Godefroy, alias Colonel Rivière dans la Résistance. Il témoigne, dans l’ouvrage Maquis de Corrèze, après avoir rappelé les pendaisons de Tulle (9 juin), le massacre d’Oradour-sur-
Glane (10 juin) et le massacre de 47 résistants FTPF à Ussel (10 juin) :

« C’est dans cette disposition d’esprit, peu de jours après, que je suis amené à prendre une décision extrêmement grave. » La garde des prisonniers pose aux officiers du sous-secteur FTP A [Haute-Corrèze] de grandes difficultés et
inquiétudes : immobilisation d’un détachement entier du 5e bataillon pour cette garde et surtout « les dangers pour les hameaux et la population avoisinant le camp, proies toutes désignées en cas d’expédition répressive » si un prisonnier vient à s’échapper ou si l’armée allemande découvre le camp et la présence des prisonniers. Godefroy poursuit alors en assumant d’avoir « donné l’ordre suivant :
il sera demandé à chaque prisonnier qui se déclare opposé à Hitler s’il est prêt à se joindre à nous, à se battre avec nous contre les nazis. Ceux qui accepteront seront intégrés isolément et sous surveillance dans nos unités. Les autres devront être passés par les armes. » Plusieurs soldats, Polonais et Tchèques, font alors le choix de rejoindre les rangs de la résistance où ils participent aux combats de la Libération. Les autres, refusant de renier leur allégeance à Hitler, sont exécutés.

Cet événement a été rendu public dès la troisième édition de l’ouvrage Maquis de Corrèze en 1975 (p. 408-409, Paris, éditions Sociales). Les résistants FTPF, et Marcel Godefroy au premier chef, ont choisi, par la publication de ce témoignage dans un ouvrage tiré à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires, de le faire connaître et d’assumer cette décision dans le contexte tragique où elle a été
prise. Cela n’a jamais été un secret, encore moins dans la commune de Meymac. Le Collectif Maquis de Corrèze refuse que la Résistance soit tenue comptable du choix des autorités de ne pas procéder aux recherches des corps en vue de leur restitution aux familles des soldats en Allemagne au cours des dernières décennies. Le Collectif Maquis de Corrèze comprend la décision de procéder aux
exhumations et aux identifications, il n’admet pas en revanche que cette décision devienne le prétexte à salir la mémoire de la Résistance, à passer sous silence la réalité tragique des premiers jours de juin 1944 en Corrèze et l’engagement au péril de leur vie de dizaines de milliers de résistants corréziens pour la lutte contre l’occupant, contre l’idéologie mortifère nazie et pour la Libération de la France.

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